journée dans la journée

je voudrais ne retenir de cette journée que la promenade aux Tuileries, sous une petite pluie fine, heures légères à la librairie des Jardins, au musée de l’Orangerie, chez Toraya où le dessert du mois s’appelle Azalée au creux du rocher. voilà qui ressemblerait fort à une page de magazine frivole: « le thé matcha est riche en catéchines », disait d’ailleurs la it-girl de service à un quelconque banquier dans le petit salon de thé japonais, et cette idiote si sûre d’elle tenait son bol à une main, avec le pouce à l’intérieur, comme un bol de lait au petit déjeuner. non pas que je remplace un snobisme par un autre – je n’ai pas de fascination pour la cérémonie du thé, j’y vois en revanche et en miniature merveilleuse une longue journée passée dans les massifs mouillés du jardin Okôchi-Sansô, à côté de Kyoto, une journée de joie scellée dans le goût d’une tasse de matcha.

c’est le souvenir d’une journée dans le souvenir d’une journée qu’il faudrait garder – une façon d’être au monde, au refuge de l’imbrication des souvenirs. pourtant je ne peux pas oublier les larmes, la voix rayée, la peur qui a brusquement animé les poignets de A. mais comment ai-je pu accepter cela? disait-elle, terrassée. il y a un an exactement, je prononçais les mêmes mots.

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