la force

oh Valeria, ma très belle, ma si proche, grands yeux noirs maquillés dans la nuit qui se retourne d’un bloc et qui me dit « tu as accepté ça? » j’opine, vaguement honteuse, surprise moi-même, perdue, et elle lève les bras au ciel, elle se lance dans une tirade effrénée qui revient à peu près à dire nous étions fortes et sensibles, ils ont usé de notre sensibilité contre notre force, ce à quoi il faudra plus tard ajouter mais pourquoi les avoir laissé faire? bon, nous n’en sommes pas là encore, nous sommes rue de la roquette, nous marchons en nous tenant le bras, pestant contre les hommes mais lançant des regards impossibles au serveur d’un restaurant où nous nous installons une partie de la nuit, car il ne manquerait plus que l’on se laisse abattre. que nous est-il arrivé? demande-t-elle encore, et à ce moment là je trouve un élément de réponse dans le miroir qu’elle me présente, car incapable de me connaître je me comprends à travers elle, ce farouche désir d’aimer et d’être aimée, l’envie d’être acceptée quand tout en nous déjà nous fait peur, nous ne pouvions nous engager que sur des fausses pistes, des amours vouées à l’échec qui ne feraient que confirmer que nous ne les méritions pas, qui nous sauveraient de l’engagement, à la différence près que nous avons avancé plus vite que nos angoisses, qu’entre-temps une part de la peur s’est apaisée, et qu’un matin s’éveillant au côté d’un garçon autrefois adoré, il est la stagnation, et nous sommes éreintées, mais nous allons de l’avant. il faudrait, dit Chiara qui nous a rejoint, pouvoir aimer au-delà d’une rencontre de névroses. s’aimer plus, en vérité, se pardonner, être ferme sur ce que l’on est, savoir se protéger, tout ce que toujours soucieuses de plaire aux hommes nous n’avons pas appris, ce qu’entre filles alors nous arriverons à accepter.

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