la vie des autres

ce qu’il y a de brutal dans la vie des couples — leur joie, leur souveraineté, leur certitude à l’avenir — et plus encore ce refus frappant que tout le monde ne leur soit pas identique:

dans la cuisine elle me dit de façon très gentille de ne pas m’inquiéter pour le futur, je retiens en moi une réponse cinglante — toujours j’ai tout fait toute seule toujours j’ai pris soin de moi toute seule je ne peux plus supporter les caresses rassurantes de ces amies qui les unes après les autres épousent des types, se font installer dans de grands appartements et se réjouissent d’emmener les enfants au parc;

dans le salon il disserte sur ce que nos ancêtres chasseurs-cueilleurs étaient avant tout des marathoneurs (en bon Américain il n’aime rien tant que faire des tours de la place des Vosges), je dis: clearly, I’m a hunter en croquant une cacahuète, je pense aux yeux gris du vice-consul dans l’après-midi pluvieuse, je voudrais être violente, brutalement honnête, je les aime trop pour cela et m’en vais au bord des larmes dans la nuit,

la vie des autres semble si simple, de surface, si douce, inatteignable et tant mieux.

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