all along there was a fever

tu es revenu de nulle part, comme tu sais faire, comme tu sauras toujours et c’est aussi une indication que tu es bien devenu, comme je le prédisais il y a quelques années, un héros de roman dans mes jours et mes nuits. c’était un magasin du passage du Havre, un bain d’acrylique où les filles font la moue en tenant leur it-bag à la saignée du coude. je surnageais dans cette odeur de Chanel et plastique, la radio braillait: all along there was a fever / a cold sweat hot-headed believer… et la radio ne parlait que de toi, yeux-couteaux, fièvre jaune, larmes amères, mon plus grand regret, ma perte préférée. tout en moi ne parlait que de toi, vieux menteur, beau matou, imperturbable figure de mes obsessions, et du gouffre qui tente toujours de se remplir. j’ai compris que ce que j’aimais en toi c’était une flamme que j’avais inventée, c’était un fil arc-en-ciel s’étirant d’ici autour du monde et que j’ai continué à tisser. aujourd’hui je ne sais plus qui tu es. tu m’appartiens par le souvenir, c’est moi qui t’ai donné tes plus beaux traits, qui t’ai rêvé si fauve, si tendre, qui ai changé ton corps en une déflagration. par passion et par manque j’ai fait de toi un animal mythologique.

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