le garçon aux cheveux noirs

l’après-midi sur le pont des arts, avec le vent, la lumière, Toshi étend la nappe à carreaux comme s’il était chez lui. cette expression japonaise du familier : « Paris est mon jardin ». plus loin, des garçons jouent de la guitare et je voudrais que ce soit JB, comme avant, le soir, avec une bouteille de vin et les phares des bateaux-mouches dans l’interstice du plancher de bois, faisceaux de rêve, tout alors était si violent et facile à la fois. 

du pont des arts la belle tête libre de la Tour Saint-Jacques : brillante, très fière, « cette royauté sensible qui s’étend sur tous les domaines de mon esprit et qui tient ainsi dans une gerbe de rayons à portée de la main… »

nous avions marché tout le jour dans la ville moite : A la blanche, Laura, Toshi et son chapeau, pour ma part suspendue complètement parce qu’au détour d’une rue j’avais retrouvé l’aiguille fine terrible de ce que j’appelais autrefois, bien pompeusement, l’avènement d’une certaine esthétique de la rencontre.

l’animal avait les yeux bleus cheveux noirs ; il souriait au-dessus d’une carte que j’avais déployée, rue Mézières, à la recherche d’une librairie perdue : il se proposait d’aider, je lui parlais des fleurs qui descendaient en cascades sur la façade blanche de la cour et nous en cherchions le nom, infiniment en vain. A et Toshi, en coryphée, se maintenaient dans un recul tragique. un vieux monsieur de passage nous a finalement donné le sésame :  »wisteria, not hysteria » a-t-il précisé en riant et ivre absolument je devais être puisque ça m’a fait rire – encore plus tard je riais de bêtise et de soulagement : la glycine, le glucose, le retour en flammes bleues du garçon de mes rêves à l’eau de rose…

c’était cette image même du rêve : la façade blanche, les balcons, la glycine merveilleuse et le garçon aux cheveux noirs qui joue avec la tranquillité de l’air et la douceur du désespoir. c’était ce moment de la réconciliation : il est venu enfin et j’ai fui, au plus vite.

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petite archéologie non-exhaustive de l’apparition tant aimée :

23 mars 2002, 5 avril 2002, 6 avril 200215 avril 2002, 23 avril 2002, 24 avril 200214 mai 200218 août 2002, 13 décembre 200220 décembre 2002, 26 décembre 2002, 24 avril 200324 septembre 20038 octobre 200310 octobre 200422 novembre 2004, 19 mars 2005, 20 novembre 200522 novembre 2005, 11 décembre 200519 décembre 2005, 31 janvier 200510 mars 2005, 13 mars 200518 juin 2005, 31 décembre 2005, 6 février 200621 mars 2006, 28 mars 2006, 30 mars 2007, 6 janvier 2008, et puis en 2003 dans les « rêves liquides« …

on trouve aussi – n’est-ce pas fou ? – une photographie de la façade fleurie.

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