JB au téléphone qui me dit : il m’arrive des choses merveilleuses ! je suis dans le métro, la ligne est brouillée, il me rappelle plus tard, un peu triste. en vérité c’est compliqué, dit-il, vraiment compliqué, il est amoureux, amoureux fou et terriblement d’un garçon qu’il appelle son double et son contraire.
je pense à JB dans les rues froides de l’automne, de Magenta jusqu’au canal, il grelottait de fièvre et tenait fort mon bras. nous avions dansé, doucement, sur un air de bossa, dans les étages sordides d’une fête ou d’un anniversaire, et puis j’étais partie en chuchotant: tu es la prunelle de mes yeux.
il rit au téléphone, il parle, en vrac, des médicaments qu’il prend, des couloirs blancs de son sommeil - tu sais, je l’ai rencontré à l’hôpital. magnifique JB aux pupilles vert-de-gris : comme il me manque et comme je veux lui dire, que fille ou garçon la foudroyance pour l’autre se moque bien des détails de nos petits découpages de genre. tout est si simple et impossible dit-il et puis il répète le prénom de l’aimé : Nadir… Nadir...
brusquement tout s’éclaire : non ça n’est pas impossible, lui dis-je (folle de joie), c’est ce qui devait arriver, c’est ce qui ne peut arriver qu’à quelqu’un comme toi, tu comprends, Nadir, c’est l’inverse du zénith ! tout est possible pour toi, JB, tu es amoureux du point du soleil à minuit.