choses insupportables

tous les jours, l’apparente disponibilité des filles en photo sur les murs, et il faudrait que je n’y pense pas à deux fois avant de mettre une robe ? H proposait l’élaboration d’un petit « manuel de survie en situation hostile », Marina faisait plus simple : va fa enculo ! on voit où on en arrive. le type qui se gargarisait tout à l’heure de « l’absence de cerveau » chez la femme, je l’ai remercié de nous avoir prouvé encore une fois la suprématie du singe, mais enfin, que répondre quand tout un chacun – hommes et femmes indifféremment – se jettent avec passion dans des discussions ineptes (l’homme a plus de muscle donc… / la femme seule a l’instinct maternel donc… / les hommes et les femmes ne peuvent pas se comprendre parce qu’ils n’utilisent pas les mêmes parties de leur cerveau, j’en passe et des meilleures) ? 

j’ai aimé et j’aime encore passionnément le tango : pourtant, quelle lutte, quelle résilience il faut développer dans la grande majorité des cours ou des milongas ! les danseurs hommes, ai-je entendu ce soir, fournissent trois fois plus de boulot (ils doivent gérer les déplacements, le rythme, l’énergie) : comment se fait-il, alors, que ce soit les filles qui reçoivent trois fois plus de critiques ? et puis : ne suis-je pas responsable, tout autant, de ma posture, de mon écoute, de mon énergie ? je reste intimement persuadée que le tango est, en France, le lieu d’une construction mythologique sexiste exagérée : Eugenia Parilla et Chicho, quand ils dansent, ne se posent pas la question duquel/delaquelle fournit le plus de travail ! le tango n’est pas tant l’équation d’un homme qui mène et d’une femme qui suit que d’une connexion : le lieu où la danse devient possible.

on vit parfois, en cours de tango, des situations tout à fait ésotériques : les profs affirment aux profanes des vérités déclarées qui n’ont aucune autorité, et puis ils les exhortent à « vivre leur sensibilité » ! je ne m’étends pas sur le chantage affectif ou sur les différentes formes de terrorisme par l’idéal auxquels certains s’adonnent : le tango est une danse si puissamment surdéterminée (sensualité, beauté, passion, élégance, féminité et virilité, etc), s’il est un pas que je maîtrise mal je peux être sûre de me retrouver soudainement aspirée par les bras d’un prof qui s’imagine qu’il va m’apprendre la vie. « il ne faut pas réfléchir, il faut danser » disait-il ce soir comme s’il avait découvert la lune : mais enfin, je ne comprends pas ces gens qui s’obstinent à ne pas admettre qu’il s’agit de la même chose.

et sans faire affront à monsieur le professeur : le tango n’est-il pas, selon Sabato, « une pensée triste qui se danse » ?

(le même Ernesto Sabato, qui avait oublié d’être bête, a par ailleurs écrit cette phrase à méditer : « le sexe est une des formes primaires du pouvoir« )

l’élégante dame japonaise Sei Shônagon faisait des listes de « choses agréables » ou qui « heurtent le coeur » : ceci commence ma liste des « choses insupportables ».

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