je feuillette avec attention un ouvrage de Daniel Boorstin qui s’appelle Les Découvreurs. D’Hérodote à Copernic, de Christophe Colomb à Einstein, l’aventure de ces hommes qui inventèrent le monde (le titre original dit : The Discoverers. A history of man’s search to know his world and himself). c’est cet idéal de livre à trouver dans la bibliothèque de quelqu’un d’autre, en son absence, pour lire dans le bain en buvant un Earl Grey alors que la pluie tombe tout doucement au-dehors, et Jean-Pascal me confirme que l’ouvrage figure en bonne place dans la section « Jubilations Livresques » de sa bibliothèque.
mais voilà : très vite je suis en colère. le titre me fait sourire, la grosse ficelle de « ces hommes » qui se croient seuls au monde, car il est bien évident que les femmes n’ont jamais rien découvert… et le titre original ne se cache aucunement de ce désir entier de l’homme tourné vers sa seule connaissance du monde : his world et himself de toute façon c’est pareil – l’élaboration d’un système de pensée et de discours qui se prend pour seule référence. Derrida a créé un joli mot pour ça : phallogocentrisme.
la révolution copernicienne admit de repenser le monde – décentrement scientifique et philosophique, reconnaissance de l’erreur, courage magnifique face aux colères religieuses obscurantistes que l’on connaît et dont Galilée fera les frais. j’attends une révolution copernicienne des rapports hommes/femmes, pour vivre sans me sentir pièce rapportée et lire un ouvrage qui ne pose pas l’homme seul en centre de son système solaire de références.