journée de petites nostalgies, joies fugaces, morceaux qui filent entre les doigts. devant l’Opéra je m’imagine toujours me rendre à un rendez-vous inconnu, je pourrais sans vergogne me présenter à ces hommes qui attendent, leur donner l’embarras du choix, l’instant de flottement du désir – je traverse la place Vendôme dans la lumière liquide – je ris de cette ville si rigide et si sage – rue Saint Honoré les filles qui tiennent leur sac griffé à la saignée du coude, au bout de la rue Duphot la masse vert de gris de la Madeleine, dans la lumière, qui s’estompe et disparait alors que l’on s’approche – qu’importe, je vais chez Toraya boire un bol de thé matcha et déguster un sakura mochi, je cherche le point du souvenir, une rue à Kyoto, la nuit, la main tendue d’une vendeuse très âgée, mon dégoût facile de cette ville de cordeau chinois où pourtant j’ai erré, longtemps, dans les rubans des temples, en laissant fondre sous ma langue une feuille de cerisier acidulée.
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