obscurité à soi-même

Paris. dans l’air léger la forme retrouvée de la ville, tout m’inquiète et rien ne me touche, tout m’emmène et rien ne bouge, un moment je réalise qu’il suffit de fermer les yeux pour sortir du monde, c’est assez effrayant, fermer les yeux et les façades s’éloignent, les portes closes, le coin des meubles, tout s’étale d’un coup dans l’obscurité accueillante, l’espace très plane où le corps intérieur seul soudain s’exprime – c’est un peu comme ce journal et la vie qui reprend au moment où elle s’écrit, je décide de tout à chaque instant de la vie et je ne m’en étais même pas aperçue.

« L’obscurité n’est pas un concept privatif, la simple absence de lumière, quelque chose comme une non-vision, mais le résultat de l’activité des off-cells, le produit de notre rétine. Cela signifie, pour rejoindre maintenant notre thèse sur l’obscurité de la contemporanéité, que percevoir cette obscurité n’est pas une forme d’inertie ou de passivité: cela suppose une activité et une capacité particulières, qui reviennent dans ce cas à neutraliser les lumières dont l’époque rayonne, pour en découvrir les ténèbres, l’obscurité singulière, laquelle n’est pas pour autant séparable de sa clarté »
(Agamben, Nudités)

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