merveilleux extrême

tu dis parfois que je suis trop extrême, hyperbolique, américaine - et cela me blessait autrefois car je me voulais parfaite pour toi, exactement au diapason. pourquoi pourtant voudrais-je domestiquer cette part de moi qui est peut être la plus sereine? le monde n’en finit pas de m’emmener, et je ne le conçois pas autrement. mon extrême m’appartient comme mon corps auquel il ne cesse de répondre, comme mon goût du fantasque, de l’excès, du grand n’importe quoi, un élan à vivre tel qu’il me faut plusieurs identités culturelles. une forme de lyrisme déplacé, et si lyrisme est un vilain mot en France, on appellera cela du souffle: ce que je préfère et recherche chez un homme, une femme, une écriture.

relisant Stendhal cet été je riais de la bêtise si tendre de l’adorable Fabrice Del Dongo, cette italianité fantasmée que Giono a si bien perpétuée dans le beau personnage d’Angelo Pardi, je pensais à leur jubilation merveilleuse, caractère exalté, le premier un petit peu abruti d’une nature si fantasque, le second pour qui le sens de l’aventure vaut toutes les passions, et auprès de qui je trouve ma place naturelle. merveilleux Angelo, heureux d’une bouteille de vin et d’un cheval rapide, ne comprenant rien à l’amour, s’éprenant d’abord de la beauté d’un chemin de montagne ou la noblesse d’une amitié. c’est bien ainsi que j’entends vivre ma vie — à faire l’expérience physique et répétée du monde, et n’en rien amoindrir.

« Le balancement du pont, que le poids de la voiture creusait, la profondeur de la gorge au fond de laquelle éclataient les eaux, le grondement que les parois de l’étroit couloir répercutaient et le souffle froid que le gouffre soufflait mirent Angelo au comble de la joie »
Jean Giono - Angelo

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