« Grand Central »

sans surprise – comme le cinéma me ramène à l’écriture. Grand Central tout au bord de la nuit, curiosité piquée par la sensualité de Léa Seydoux dans une bande-annonce, cette blondeur un peu grasse qui déborde du short, que les cernes bleutées sous les yeux préservent dans la beauté.

d’un abord un peu brutal, premiers plans saccadés, élusifs, une scène d’exposition trop écrite où Marc Gourmet et Denis Ménochet insistent à définir la « dose », euphémisme pour la radioactivité dont on ne sait déjà que trop bien qu’il fonctionnera de paire avec l’attraction sexuelle et interdite, bref, une petite angoisse tangible de vouloir planter le décor trop vite, et puis soudain — s’effrite toute trame narrative, toute psychologisation des personnages, tout surplus de sens car nous sommes entrés dans le domaine des corps — des corps ancrés dans le sommeil, le travail, la misère, s’enveloppant vainement de combinaisons et protections contre la menace invisible du noyau nucléaire, des corps qui du désir connaissent d’abord la viscosité de la pluie, la forêt, la foule tendre du soir, l’incertitude aussi, car il y a une absence dans ce couple d’amants, quelque chose d’inconvaincu que souligne la scène de l’escapade nocturne en bateau, si brève mais toute entière façonnée par la somptueuse et silencieuse promenade des Amants de Louis Malle (1958), et l’on retrouve sur le visage de Léa Seydoux quelque chose de l’ombre qui passe sur celui de Jeanne Moreau, le doute, au moment de quitter un homme pour un autre, le doute et l’appel fait de la même matière physique, irrésistible.

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