Yotsuya 四谷 – Iidabashi 飯田橋 – Shinjuku 新宿

les jardins trop verts, trop humides sur le bord de la rivière, de Yotsuya à Iidabashi, luxuriance exagérée et tellement plus plaisante que les espaces contenus de la Coulée Verte à Paris ou la High Line à Manhattan, c’est encore ce que j’aime à Tokyo: la façon dont la ville semble échapper à la gentrification, dont elle n’en finit pas d’échapper à elle-même, d’un enchevêtrement d’autoroutes on passe au pli d’un temple ou d’un jardin, et du jardin aux toits empilés des maisons, murs limés par le passage des trains, surprise des massifs d’hortensias qu’enjambent des ponts piétons ou l’ombre d’une balançoire.

à Iidabashi mon corps se souvient soudain de la côte un peu raide, délicieuse, je tremble de tant de joie dans la lumière liquide, soleil éblouissant de douceur vers lequel nous nous sommes tournés comme les héliotropes, marcheurs aimantés, suivant une rue de traverse, la main puissante des arbres, la voix des vieilles dames, par là-bas il y a des lynx, et je ne sais plus pourquoi tu imitais Deleuze mais c’est le moment où nous l’avons croisé en vélo, fonçant sur nous en provenance du soleil, c’était bien avant d’arriver au quartier coréen mais déjà nous avions perdu toute notion du temps, de l’espace, emportés par la ville, à Shinjuku soudain les buildings qui se dressent et toute la fulgurance, foule pressée tant aimée foule splendide se déversant des gares, des étages, cigarettes et umeshu au café Vagabond, épuisés et heureux, aux quais de la Yamanote la foule qui toujours nous emmène, et nous séparant ne nous déchire jamais.

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