Shibuya – 渋谷

sous la pluie de Shibuya le garçon américain qui engage la conversation me suit dans les étages de Tokyu Hands, portant mes sacs, écoutant mes secrets, à Shinagawa enivrée par la foule je discute avec un salaryman au doux sourire et nous laissons passer les trains, les uns après les autres, pourtant c’est le Romain aux yeux bleus que j’entraîne dans mon quartier de Shimokita, parce qu’il a de belles épaules et le goût de l’errance, ou bien peut être parce que Tokyo n’en finit pas de m’user à la corde d’un désir chaque jour plus aigu, déflagration terrible de l’intérieur qui me jette dans les rues, la pluie, la nuit, la joie la plus intense et la plus douce, libre soudain car sans mémoire, sans attache autre que celle des camélias à ma fenêtre, je ne saurai jamais ce qui dans cette ville me transporte au delà de moi-même, l’impossibilité de contrôler, de connaître qui plutôt que susciter un redoublement d’angoisse se liquéfie dans la lumière dorée, quel soulagement que ces enchevêtrements de routes et de jardins, la coexistence des temples et des excès, ville où tout m’est étranger et intuitif à la fois, où mon corps trop présent, trop sensuel me devient évident, réconciliation permanente des extrêmes, la possibilité de reconnaître au dehors l’étrangeté que j’ai toujours portée au dedans, à Tokyo je devrais m’inquiéter de tout mais je n’ai peur de rien.

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