à nouveau l’urgence me jette dans la nuit chaude, le bruit des trains, la foule heureuse du dimanche soir dans mon quartier tant aimé, à nouveau c’est le corps qui appelle, vague folle dans la poitrine, pour marcher au hasard des rues et jeter ses bras dans les massifs d’hortensias, à nouveau je suis là, entière, battante, élan fabuleux vers l’avant, et j’aime cette ville d’un amour si brûlant qu’il m’en donne le vertige. Tokyo, c’est pourtant d’abord la quotidienneté qui me chavire, traverser des passages piétons sous les rails du métro dans la foule sans visage, tout le corps balançant, errer le long des rues, les quartiers résidentiels où Scarlett Johansson n’ira jamais, merveille des jardins et vélos mélangés, chats endormis dans les bougainvilliers, obasan statuesques un arrosoir à la main, temples silencieux bandelettes flottant au vent, de temps en temps une vending machine où acheter une bouteille de thé vert et un paquet de cigarettes, l’envie brusque de fumer dans la ville lancinante, d’être extrême, amoureuse, absolue – Tokyo c’est bien cela, c’est se sentir entraînée par la vie, plus loin et plus intensément que n’importe où ailleurs.
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