la magie des légumes exotiques

plusieurs semaines qu’à mon corps défendant je cherche l’échappée.

Paris sous la pluie japonaise, matcha, pâte de haricots rouges et je lis Sôseki à nouveau, au rayon légumes du supermarché asiatique il y a un Anglais qui me parle de jazz et de Marlon Brando, il voudrait m’emmener boire du mezcal au Café Palooka, en le regardant fou d’enthousiasme avec son chapeau et ses bras chargés de menthe fraîche j’ai l’impression d’avoir rencontré le Consul de Under the Volcano et que d’une minute à l’autre il va me déclamer le passage que j’adore avec l’enfant presque mort et la chambre d’hôtel et le vautour lugubre dans le lavabo, mais ce n’est après tout que l’une de ces émanations étranges des boutiques exotiques où l’on ne manque jamais de toucher le coeur tremblant du monde, entre poires nashi et basilic oriental, citronnelle et ciboulette thaï, incantation magique qui me répare le coeur car je sors dans la rue munie d’une joie immense, et je ris car tout est là qui s’agence, tout ce que j’aime, tout ce qui pour moi a de la valeur et qui n’en finit pas de me sauver de la détresse dans laquelle tu me plonges.

« So that when you left Yvonne, I went to Oaxaca.  There is no sadder word.  Shall I tell you, Yvonne, of the terrible journey there through the desert over narrow gauge railway on the rack of the third class carriage bench, the child whose life its mother and I saved by rubbing its belly with tequila out of my bottle, or of how, when I went to my room in the hotel where we once were happy, the noise of slaughtering below in the kitchen drove me out into the glare of the street, and later, that night, there was a vulture sitting in the washbasin? »
Malcolm Lowry: Under The Volcano

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