Feroe

danois c’est à dire parlant la langue la plus informe du monde mais tout lui sera pardonné, quand les yeux brillants il parle d’un bateau pour les îles Feroe tout mon coeur s’accroche dans le sillage, c’est le goût du départ et de la lande aride, pluie légère dans les yeux juste ce qu’il faut pour saisir dans la peau la beauté infinie des prairies boréales. il parlait du voyage comme d’une excursion en territoire de rêve, et de la joie comme d’une gourde à sa ceinture, à peine vidée qu’on la remplit sur le bord de la route, et qu’on la vide encore, pour soi, pour l’autre, indistinctement, sans jamais se soucier de la peur ou du manque. je l’écoutais – si jeune, si tendre, si bruyant de bonheur que j’avais honte soudain de si facilement céder terrain à la tristesse – je pensais à Sigi, Uli, Marco et Florian auprès de qui j’ai passé la plus belle nuit et matinée d’errance de ma vie, car ils me semblaient faits de la même matière, le même allant au monde, puissants, généreux, tranquilles et bienveillants, surgissant de nulle part pour me rendre à moi-même.

 

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