feu de forêt

monstrueux mois de mars, dans le genre Cronos dévorant ses enfants, mon corps retourné dans ma peau, l’étrange faiblesse que tu déclares en moi dès lors que tu t’éloignes. ça prend comme un feu de forêt – ça mange le soir, puis le rêve, puis le matin en larmes et à midi je suis prête à brûler moi-même ce qui reste, mais quand la nuit tombe à nouveau les forces reviennent, les filles m’entraînent, m’engouffrent, elles me protègent, lovée dans la langue et les bras de l’Amérique, très vite je reprends souffle et je fais la maligne, mon éternel numéro indigné sur le Sacré-Coeur, l’Ordre Moral et la Commune quand tous s’extasient et se tordent le cou pour voir la grosse meringue lumineuse depuis la terrasse, c’est indécent de faire ça à un public captif de jolis garçons étrangers, c’est leur donner de l’exotisme en boîte, du désir ready-made, ça marche à tous les coups et je suis sur le point de retomber dans le grand dévoroir intérieur lorsque le plus tendre se tourne vers moi et me dit tranquillement:

how can you not be happy, when you’re so beautiful and so smart?

j’étais prête à parlementer, j’ai souri juste, j’ai touché ma taille, mes tempes, j’ai dit: oui.

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