mer intérieure

l’hiver n’en finit pas de me couper les ailes. le froid, la morne lumière du matin que je ne fais qu’entrevoir, sept morceaux de sommeil disséminés par jour, la page blanche ou bien un poème d’Hoffmansthal, parfois une promenade sur le canal Saint Martin, avec la pluie qui mange les yeux, la tristesse, et pourtant le corps lutte, le corps demande, appelle la nuit et les caresses, douce habitude de subsistance, je vis mieux dans la passion, dans le coeur qui éclate, la peau aux entournures, je vis mieux dans la nuit, dans l’oeil d’un beau garçon vaniteux et tranquille, et tant pis si c’est un rêve, tant pis si c’est l’adolescence, je passe tant de temps déjà à tout contenir, la peau, la peur, la mer intérieure, quand je suis faite pour m’étendre.

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