sur un banc au soleil avec D et tout est très évident, il raconte son enfance sous les arbres de Palermo, ses années dures, petit voyou hooligan du River Plate qui cherchait l’argent facile et la bagarre, les filles venaient sans peine vers ses beaux yeux brillants, de cette époque il a gardé un tatouage, des cicatrices mais plus encore un drôle de sourire mêlé d’amertume et de soulagement. un jour un ancien professeur lui a donné une édition espagnole du Great Gatsby: la littérature dit-il l’a sauvé de lui même, c’est grandiloquent et juste à la fois, lorsque les livres vous disent « il existe une autre vie, mais il faut aller la chercher ». on rit de se rencontrer là, dans l’étendue verte des pelouses impeccables d’un campus américain, se connaissant si peu et se parlant si bien. comme D, c’est la littérature qui m’a toujours entraînée vers la vie: Gide m’a jetée sur les routes, Kawabata vers le Japon, Plath m’a tenue à distance du suicide. et moi-même, parfois, il me semble que mon désir d’écrire se nourrit de cette dynamique: j’écris pour la mémoire, pour la beauté, mais plus encore peut être pour maintenir l’élan entre les mots et le vécu.
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