au moment des larmes


si j’ai pleuré si fort tout à l’heure, c’était d’être habitée de ta voix sans l’entendre, entourée comme d’un mur des épines qui se dressent sans cesse dans mon souvenir, et me disent que je t’aime mais que rien n’effacera les instants où tu ne pensais jamais qu’à toi.

au moment des larmes, rien ne compte que les larmes – et puis, plus tard, la nuit aidant, le chat, le givre qui vient couvrir le bord de ma fenêtre, il semble que le souvenir même de ce torrent de larmes se soit dilué d’un coup dans la forme des fleurs que la lampe Tiffany projette sur le mur.

je me vois, plus que jamais, avancer dans la découverte de ma propre force. il y a des écarts, des courses effrénées, parfois je m’effondre, d’autres encore je la regarde sans pouvoir la toucher.

j’ai peur bien sûr, peur d’être abîmée encore, au point parfois d’en être tétanisée, et pourtant je sais bien -

quand la joie reviendra, rien ne comptera que la joie.


Nicolas de Staël: Agrigente

 

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