il y a ce grattement étrange sur ma porte d’entrée, et quand j’ouvre d’un coup je trouve la délicieuse Diana en train d’y clouer une guirlande rose fluo semée de petits coeurs. tant pis pour la surprise, elle dépose sur la table ses peluches et ses chocolats en criant Happy Valentine’s Day!, elle tombe à pic en vérité, j’étais en train de descendre tout schuss la pente de la mélancolie. elle entre comme une tornade, perchée sur ses talons aiguilles malgré la neige, elle vérifie au miroir que ses boucles très blondes sont impeccables, remet une couche de rouge à lèvres et puis m’annonce comme de rien qu’elle a posé dans son calendrier la date de sa rupture avec Y, elle n’en peut plus, le zouave comme tous les zouaves ne fait aucun effort, il est tellement 1950′s, il se prend pour le beau gosse de Madmen ou quoi? c’est fou comme les types se prennent pour les rois du monde, dit-elle en préparant le thé dans ma cuisine, il voudrait qu’on le soutienne mais pas qu’on l’étouffe, il envisage le futur mais seulement à son rythme, il traîne dans des bars à hôtesses mais elle ne devrait pas s’en formaliser, et puis jurant comme un routier elle s’exclame « j’ai quand même pas fait Harvard pour en arriver là! » c’est une chose que j’adore, je dois dire, chez mes amies américaines: ce côté career-driven qui terrorise les types, leur individualisme revendiqué, cette espèce de force intérieure mâtinée d’ego-psychology dont je ne me sens pas capable mais qui, à leur contact, souvent me fait l’effet d’un électrochoc et me remet sur les rails quand il serait si simple de s’effondrer.
elle continue sur sa lancée: « et bien sûr, impossible de lui parler sans qu’il s’imagine que j’exagère! en attendant, j’en suis à voler des piles dans le placard du secrétariat pour faire marcher mon vibromasseur! «