une chose qui m’est revenue pendant la nuit : Sainte Thérèse d’Avila est en Espagne la patronne des écrivains.
je pensais hier à Sainte Thérèse d’Avila, je me souviens aujourd’hui des possédées de Loudun ou comment, en 1632, des dizaines de religieuses du couvent des Ursulines tombèrent aux prises de démons qui jouissaient par leurs bouches et détenaient leurs âmes. il faut croire que les démons sont aussi territoriaux que les hommes : chacun d’entre eux gravait son nom sur la partie du corps qu’il possédait comme on met son nom sur sa boîte aux lettres. les inquisiteurs arrivèrent au grand galop : on flagella les religieuses, on les plongea dans l’eau glaciale ou dans des lits d’orties, sel et vinaigre dans les plaies béantes en guise d’exorcisme, voilà ce qui arrive quand on transgresse. Urbain Grandier, le prêtre accusé de sorcellerie et fort bel homme libertin par ailleurs, fut exécuté en vitesse, ce qui convenait parfaitement à Richelieu, tant parce que celui-ci ne supportait pas d’avoir été tourné en ridicule dans un pamphlet du prêtre que parce qu’il avait là une occasion splendide de terroriser les habitants huguenots de Loudun et les amener à se convertir. étonnante histoire donc, où les inquisiteurs se soucient moins du diable que de reconquérir le territoire du corps de la femme et la terre de ceux qui échappent au cadre de leur foi, ce qui est à peu près la même chose.
quels démons invoquons-nous aujourd’hui quand rien ne nous intéresse plus que la possession de l’autre ?