Toulouse 2

d’humeur mystérieuse ; c’est l’orage tombé en surprise ou l’envie d’être seule pour boire un thé sencha et lire Murakami. tu me rejoins avec tes amis, j’ai envie d’être odieuse, pour le sport et parce que les filles de mon âge qui disent à qui veut l’entendre qu’elles écrivent de la littérature érotique me font mourir de rire. elles oublient rapidement que Anaïs Nin a rédigé Venus erotica sur la commande d’un riche libidineux, Pauline Réage pour plaire à Jean Paulhan, Jean de Berg alias Catherine Robbe-Grillet pour son mari, on pourrait continuer comme ça et prétendre qu’elles étaient libres, on se tromperait si lourdement. je ne parle pas ici de Bataille, de Mandiargues, ou même de Sade, qui, relativement libres d’écrire leur désir propre, pouvaient pousser plus loin encore la jouissance de l’obscène et de la langue – je parle des femmes qui mettent en scène les fantasmes masculins à défaut de savoir quels sont les leurs, pour plaire et pour être choisies.

il y a quelques années j’aimais déclarer avec orgueil que j’avais pour projet de faire une thèse sur « la littérature érotique » (comme si c’était original !). oh, ridicule petite fille apeurée jouant l’ingénue qui, pensant jeter de la poudre aux yeux des garçons, n’en finissait pas de s’aveugler.

et puis tout de même, qu’est-ce que c’est que cette époque qui se croit libertine et n’a de cesse d’encenser les mêmes clichés flaccides ? passion inexistante dans des corps trop offerts, ouverts, territoire conquis des peaux qui se frottent et ne s’atteignent jamais. j’aime les filles qui sont des jouisseuses, c’est un fait, mais pourquoi ces poses papier glacé, ces minauderies pseudo-post-modernes, quand notre reine à toutes est d’abord Sainte Thérèse d’Avila ?

Le sentiment de la présence de Dieu me saisissait alors tout à coup. Il m’était absolument impossible de douter qu’il ne fût au dedans de moi, ou que je ne fusse toute abîmée en lui.
- Sainte Thérèse d’Avila, Autobiographie, chapitre 10.

car comme Lacan s’exclamait devant la statue du Bernin : « voyez comme elle jouit ! »

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