ce qui ramène à écrire

ce qui ramène à écrire : d’une nuit étroite, retenue dans les bras de celui ou celle-là, sans fatigue. M roule ses épaules aux limites de la pièce, la joie à ses côtés, dans la rue, marchant vite, l’éclair des gyrophares clignote dans mes paupières, j’ai refuge dans les choses, les espaces qu’il déplace. il y a une fille à la fenêtre et des yeux d’ancolie, on parle sur le souffle d’un garçon notre frère qui est loin et nous manque, dans la peau. l’intriguant D coule ses bras dans mes bras, « la féminité exacerbée » me dit-il mais jamais il ne me regarde dans les yeux alors ? je dis la féminité tout court c’est déjà assez lourd et ça fait rire M car M sait que je l’aime de ne pouvoir être tout ce qu’il est, exactement. le frisson vient quand la fête se vide sous le coup de la nuit, la pluie battant les fenêtres, maintenant les deux belles irlandaises dansent pieds-nus, le dos trempé de sueur, sur des tapis épais, et l’on voudrait sans cesse passer l’arc de ses mains dans leurs cheveux bouclés, et l’on voudrait leur dire : quelle joie ! l’une soudain se penche sur mon épaule, je reçois ses secrets et puis le regard fixe d’une statue indienne. D s’imagine sans doute qu’il peut jouer avec moi comme à la bourse – tentatives d’OPA en veux-tu en voilà – je ris et je m’en vais. T me retient dans le couloir sur un problème de version grecque, il me parle d’Héraclite en frottant ses lunettes sur ma manche : toi qui t’y connais en rivières… le jour se lève, je rentre avec M dans la ville insensible : lentement, très lentement, nous remontons le cours de l’eau si noire du canal Saint Martin.

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