tous les feux mon feu

ma vie entière dans des cartons. j’imaginais l’abattement ; tout s’en va en douceur. je n’ai le temps de rien, je picore Murakami, Agamben et de vieux disques de trip hop que j’ai retrouvés en faisant mes valises, je me souviens de nuits floues, dans des vergers, avec la peau qui déchire et les bras d’un amant. je me souviens aussi du camion qui a écrasé la voiture d’Emilie, sur l’autoroute, en plein jour et pourtant cette folle obscurité. it’s a fire / these dreams they pass me by / this salvation i desire / keeps getting me down…

Y s’est installée avec moi dans l’appartement vide ; j’ai connu d’autres étés, avec H, à prendre le jour pour la nuit et la musique pour la réalité. dans la chaleur j’exulte légèrement : je t’aime et je ne peux pas être avec toi, je ne peux pas rester, j’ai tout le temps dans la tête un air qui m’entraîne à me dépasser. quand Emilie est morte j’ai dit maintenant je vivrai pour deux mais la vérité c’est que ça n’était encore qu’une façon de demander à disparaître – plus vite, plus fort, et complètement. je n’ai jamais su vivre ; si je le découvre c’est par heurt, par hasard, étonnée d’être là et de le rester encore. non je n’ai jamais su vivre : j’ai cru qu’il fallait faire semblant et me suis prise au jeu.

because this life is a farce / I can’t breathe through this mask…

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