l’amitié merveilleuse des filles. J s’avance avec une bouteille de moelleux et ses bras grands ouverts, Y traverse la nuit tout d’un trait, l’armada américaine veille sans fatigue, N m’appelle depuis l’été de la Nouvelle-Zélande, et ma soeur bien sûr ma soeur qui ne me laisse pas une seconde en dehors de son oeil vert.
même A, que je n’ai connue que par enfreintes, par éclaboussures, dans des bars gays, des commissariats de police, les bras d’une bande de garçons musiciens, reparaît par magie: tu ne peux pas être abattue me dit-elle, pas toi, my Mulholland Drive girl.
c’est comme une vague très lourde, très lente, qui soulève, me tient dans l’équilibre.
je raconte à J qu’une nuit sur un parking new-yorkais j’ai serré dans mes bras ma belle amie Valeria tout le temps qu’a duré la conversation qui lui annonçait la mort de son grand-père, car trois années auparavant J me portait à travers la même perte, J que je connaissais si peu, J si forte dans ses vingt-deux ans tumultueux, J qui me dit alors, comme on dit d’un amour, pour nous c’est pour toujours.