il est temps pour le mouvement — je relis de vieilles pages, je me souviens de mon allure, j’ai peur souvent d’avoir perdu ma ferveur et toute mon écriture. où est-elle, l’O des trains et des rencontres, l’O sauvage que les garçons inconnus prenaient par la main dans des foules mouillées de pluie, en disant: personne ne te ressemble? j’avais mal tout le temps et puis je m’en fichais car tout allait très vite, Tokyo, Christchurch, Lisbonne et l’Italie, deux rues de Paris où l’on reconstruisait toute l’Amérique latine, s’effondrant parfois mais croyant au futur. le futur c’est maintenant – cette conscience du temps qui passe que je n’ai jamais connue jusqu’alors — le temps que j’ai je le veux pour la nuit, le désir, les errances, les grandes fleurs rouges qui palpitent au fond de ma poitrine.
(… en écoutant Françoiz Breut: Km 83)