J

J, tu es là dans cette ville comme tu as toujours été avec moi – le plus proche, le plus libre, le plus fou de mes frères sous la peau, J dans la fin de l’adolescence toi et moi tout enamourés de surréalisme, parlant Péret, Cravan, Vaché, quand je suis partie vivre à Nantes toi seul as pu comprendre pourquoi, « Nantes : peut-être avec Paris la seule ville de France où j’ai l’impression que peut m’arriver quelque chose qui en vaut la peine », mais déjà bien avant filant à Tokyo tu savais aussi, tu n’as jamais eu peur de l’extrême en moi, ce souffle impossible qui parfois s’effondre dans la tristesse, J combien de fois m’as-tu soutenue, de tes propres exils, tes propres mélancolies? l’un et l’autre revenant à la vie pour un détail, les oiseaux de feu, les typhons, la grande roue d’Odaiba, sombrant dans des ivresses fantastiques, portant notre coeur dans la gorge, toujours ce merveilleux lien dans la nuit.

J! je te chercherai ce soir dans la pluie de 中目黒 pour pouvoir enfin avancer vers toi et te dire, comme Breton l’écrivait à Tzara dans des lettres si passionnées qu’elles sont lettres d’amour, je te tiens les mains.

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