brasil

merveilleuse Erica quand d’une enveloppe tombe une baianinha de papier, marque-page du souvenir, écho interminable de ce qui n’en finit pas de chanter en moi:

Brasil!
Meu Brasil Brasileiro
Mulato inzoneiro
Vou cantar-te nos meus versos…

 

 

 

 

 

 

 

 

je les retrouve d’un coup, les matinées blanches de la ville, murmures montant des rues, et l’éclat de la mer. j’avançais dans une joie certaine, chaque jour renouvelée par un souffle insondable, la simplicité folle d’une ville de couleurs, la ville la plus vivante du monde, celle qu’on se chante sans la connaître et puis qu’on chante encore dans le départ.

j’arrivais à Rio abîmée d’une année sans amour. la chaleur d’abord lavait toute la tristesse, la moiteur tropicale tant aimée, celle qui déjà me donnait le tournis sous les arbres de San Juan et rendait à ma peau l’effusion du désir. la chaleur donnait corps. elle maintenait debout. l’après-midi, parfois, la pluie coulait d’un coup entre les omoplates, elle avait le goût de la forêt toute proche et de la liberté.

Erica entourait ses cheveux lavés d’une serviette blanche, à la bahianaise, elle chantait tout le temps, elle riait d’un rien, elle versait dans mes mains des fruits aux chairs brillantes, des noix du Pará, du fromage à pâte blanche du Minais Gerais, des bonbons trop sucrés de son enfance, à profusion. le soir parfois elle racontait l’histoire de sa famille, une véritable telenovela avec ce qu’il fallait de femmes fortes et d’hommes sans courage, abrutis par le soleil de Salvador.

dans mon portugais affleurait tout ce que j’aime de la bossa nova et de Caetano Veloso – rythmes inattendus, fontaines de miel, tristesse vagabonde – et puis la lumière magnifique tombant d’un coup le soir sur la plage d’Ipanema.

Rio, c’était découvrir une joie au coeur que je ne me connaissais pas.

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