« Creation »

bouleversée par ce magnifique film de la BBC, Creation, qui retrace la vie de Darwin au moment où il entreprend d’écrire son livre sur l’origine des espèces. je ne sais au juste ce qui me plaît le plus, si c’est la lumière en demi-teinte sur son bureau jonché de papiers et de plantes, les yeux gris des monstruosités qui dorment dans le formol, les squelettes fragiles des pigeons oscillant dans l’air du petit matin, la douleur de la perte de sa fille aînée, la déchirure immense qui l’oppose à sa femme, à son entourage, au monde tel qu’il est, régi par Dieu seulement – Dieu qu’il vient de tuer en une poignée de pages.

c’est pourtant bien le même homme qui souffre profondément du changement qui s’opère en lui alors que sa foi en dieu et sa foi en la science s’entredéchirent, et qui écrit: « la cause principale de notre réticence naturelle à admettre qu’une espèce a donné naissance à d’autres espèces distinctes est que nous sommes toujours lents à admettre tout grand changement dont nous ne pouvons voir les étapes intermédiaires. »

encore une fois résonne la phrase d’Eluard: nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses…

au moment où j’écris ces lignes, un peu en vrac, je réalise que je ne dis pas ici la chose la plus importante et la plus infime à la fois: c’est que le film de la BBC, magistralement porté par Paul Bettany, comme la lecture du Journal de Darwin, comme la lecture du beau livre de Jean-Claude Ameisen, Dans l’ombre et la lumière: Darwin et le bouleversement du monde, m’emplissent d’une émotion incontrôlable.

A se moquait de moi tout à l’heure: « tu as vraiment pleuré quand le petit singe meurt? » oui, j’ai pleuré pour le petit singe habillé de dentelles qui ferme ses yeux comme un enfant, pour les années passées à se battre contre ses propres faiblesses, j’ai pleuré en lisant le compte-rendu du voyage à travers le monde que Darwin effectue dans sa jeunesse sur le bateau le « Beagle », j’ai pleuré bien sûr et je pleurerai encore pour la beauté des oiseaux des Galapagos, des forêts brésiliennes et des tremblements de terre.

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