inatteignable

des choses comme d’autres. le matin quand la brume monte aux fenêtres et que j’écoute, interminablement, la belle reprise que Ryan Adams a faite de Wonderwall. c’est une journée de mélancolie merveilleuse, une journée pour rester dans la chaleur du lit et pourtant pas toute seule, pas comme ça, les journaux qui manquent et la marque de ta peau dans la mienne. je traîne dans la maison, le campus nimbé de pluie, bien sûr je ne peux pas dire l’absence entre le bord impeccable des pelouses et l’odeur du café et pourtant c’est là qu’elle est, entière, l’absence inatteignable, celle qui de suite se fond dans les petites foules heureuses qui descendent les allées. le soir j’allume les lumières du jardin : l’arc du porche où se pressent les insectes, les filles en robe Woody Allen. à un moment comme tant d’autres la fête bat son plein et je n’ai jamais été si seule ; K le sait qui sent tellement de choses, alors laissant la maison craquer aux angles dans la nuit nous marchons tout le long de State Street jusqu’à tomber de fatigue sur le skai rouge des banquettes d’un diner gras et bruyant où des serveuses aux cheveux péroxydés nous apportent des plâtrées de frites dégoulinantes de poutine, et il est minuit à peine, les gamins suivent la fin du match sur un écran cireux, deux ou trois filles en robes lamées contemplent les petites ombrelles qui sombrent dans leurs verres – c’est la vie comme elle est, la déchirure des choix mais il faut tenir bon.

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