il y a eu des heures à boire du gin dans la petite chambre de Jennie et il fallait montrer patte blanche au gardien qui se prenait pour la brigade des moeurs, c’était l’époque où splendide et ondoyante elle affolait toute une génération de lycéens de Louis-Le-Grand ou bien faut-il dire et ce ne serait que justesse qu’elle leur insufflait par tous les orifices le goût sans fin de la littérature ? je la retrouve ce midi et c’est de très loin que je la vois sur le boulevard bondé : brune et lustrée comme un bel animal, avec les yeux brillants, les mains pâles, une Madone asiatique qui marche soulevée dans la foule. soudain je suis à côté d’elle et je sens la grande vague : ça vient en moi, ça bouge, ça consolide le coeur comme du plus léger mouvement de la main et elle rit, elle rit tout le temps, elle a compris quelque chose que je m’obstine à ignorer – Jennie n’en finit pas d’être du côté de la vie.
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