(Berlin) Tribute to…

à la gare de Friedersdorf deux enfants m’ont menée, tranquillement, jusque dans le train pour Berlin, et la petite fille a sélectionné le ticket pour moi sur la machine. ils étaient jeunes et doux et jouaient d’être ensemble, assis côte à côte avec les jambes qui balancent ils se racontaient leur journée et leur manque. le train roulait comme au travers d’une peinture : des champs bleus et verts dans le soleil tombant, des usines, des parkings, dorés dans la lumière, donnés à l’oeil, calmes et tendres, j’étais si heureuse sur le bord des voies alors que j’attendais le S-Bahn dans l’odeur de la pluie tombée sur les ballasts. 

quand M paraît je dis : je te reconnaîtrai toujours à ta façon de marcher (quand bien même il y a ici sérieuse concurrence dans ce champ que je déclare esthétique des « démarches anglo-saxonnes »).

chez lui : le ronronnement des radiateurs, thé fort et Tribute to Jack Johnson de Miles Davis. le morceau se termine sur une somptueuse interpellation : « I’m Jack Johnson – heavyweight champion of the world ! I’m black ! They never let me forget it. I’m black all right ; I’ll never let them forget it ». j’ai raconté à M l’épopée d’Arthur Cravan à Berlin en 1905 : chauffeur de limousine sans permis, descendant Unter den Linden en portant sur ses épaules des filles de petite vertu, enfin expulsé avec cette phrase légendaire   »Berlin ist kein cirkus. Sie sind zu auffalend ».

brusquement la nuit : c’est pourtant vrai que le jour tombe sans cesse et nous n’avons jamais fini de tout nous dire.

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